L’inventaire qu’il dresse est précis, à un détail près…
par Virginie Lorient, directrice de la galerie Bettina
Julien Spiewak réalise, depuis 2005, la série Corps de style, dans des intérieurs de musées et des collections privées, en France et à l’étranger. L’inventaire qu’il dresse est précis, à un détail près, une partie du corps qu’il immisce dans ses décors. L’étrange confrontation du meuble d’époque à la nudité de la peau. L’intrusion d’un élément qui réveille un décor figé dans le temps.
Dans les photographies de Julien Spiewak, les dossiers de fauteuil bergère épousent des cambrures de reins et les marbres de carrare apprivoisent des peaux laiteuses. Au jeu des associations, le photographe cherche à harmoniser les matières et les formes. Au musée de la Vie Romantique, des mains enveloppent, telle une parure, un buste en bronze de Théophile Bra et la vierge peinte par Auguste Legras s’anime d’un délicat mouvement. Au Palacio Rio Négro, au Brésil, la galerie de portraits présidentiels offre un nouveau terrain de jeu, où chaque détail de tapisserie, toiles ou dorures, trouve sa concordance dans le corps humain.
Au premier regard, rien de très visible pourtant. Le décor est planté. Une commode Louis XV, un meuble Boulle, une console rocaille, tout est là, bien en place, encadré par d’immenses tentures. En appuyant le regard, le détail apparaît. Là, c’est un bras qui fait office de pampilles. L’utilité du meuble et de l’objet détournée pour récréer un nouveau décor. Les meubles d’époque et de style font la place à un élément vivant, parfois troublant et amusant. Toujours de façon discrète. Comme pour rappeler qu’ils ont traversé les années pour arriver jusqu’à nous. Une approche qui permet de poser un nouveau regard sur des pièces de collection.
Virginie Lorient, directrice
Galerie Bettina